Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

«Privatisations : la France à contre-courant ?»
information fournie par Le Cercle des économistes 18/09/2017 à 11:30

ADP fait partie des dossiers fréquemment évoqués pour les prochaines cessions de l'Etat. (crédit : L. Grassin)

ADP fait partie des dossiers fréquemment évoqués pour les prochaines cessions de l'Etat. (crédit : L. Grassin)

En cédant récemment  pour 1,5 milliard d’euros du capital d’ Engie pour financer un fonds destiné à l’innovation, l’Etat a engagé les grandes manœuvres de cessions de participations publiques dans les entreprises où il est encore présent. Bertrand Jacquillat salue cette initiative, et explique pourquoi la France reste un cas à part.

Alors qu’un certain nombre d’élections récentes dans plusieurs pays de par le monde ont porté au pouvoir des dirigeants populistes, et méfiants vis-à-vis de l’économie de marché, la France semble vouloir prendre un chemin inverse avec le gouvernement d’Edouard Philippe. Comme la politique de François Mitterrand avait pris une direction totalement opposée à celle des Etats-Unis et du mouvement de dérégulation de Ronald Reagan, et de la Grande-Bretagne avec les privatisations de Margaret Thatcher.

Il reste encore beaucoup à faire

Certes, dans le domaine des privatisations, les gouvernements successifs Chirac-Balladur de 1986-1987, Balladur de 1993-1995, Jospin de 1997-2002, Raffarin-Villepin de 2002-2007, Hollande de 2007-2012, avaient entrepris des programmes de privatisations. Mais il reste encore beaucoup à faire. L’Etat détient un grand nombre de participations – logées au sein de l’APE et de BPI France – d’entreprises du secteur industriel et commercial concurrentiel. En renouant avec les privatisations, la France se trouve à contre-courant de deux grands pays et marchés financiers asiatiques, le Japon et la Chine, excusez du peu !

Ces deux pays ont un nouvel  investisseur devenu très puissant, l’Etat, dont la présence au capital des entreprises était encore triviale au début de la décennie. Au Japon, ce sont environ 30% de toutes les sociétés japonaises appartenant aux trois principaux indices boursiers, dans lesquelles la Banque Centrale du Japon figure parmi les dix actionnaires importants.

Même constat en Chine, où deux des principaux bras armés financiers de l’Etat, Central Huijin Asset Management et China Securities Finance Corp, n’ont cessé de se porter acquéreurs depuis 2015 d’actions chinoises pour soutenir le marché. Collectivement et avec d’autres fonds d’investissement publics, ces deux institutions figuraient parmi les dix premiers actionnaires des 1154 sociétés chinoises cotées.

Des décideurs convaincus par les méfaits des participations de l'Etat

Les motivations de ces participations sont plutôt macroéconomiques de soutien de l’économie dans le cycle, même si celles-ci engendrent des distorsions sur les marchés financiers et provoquent de graves déficits de gouvernance, très préjudiciables à ces économies. Mais, même en France aujourd’hui, la plupart des décideurs sont de plus en plus convaincus des méfaits des participations de l’Etat pour le bon fonctionnement de l’économie.

Et rien n’empêcherait l’Etat de refaire dans le futur ce qu’il a fait avec Peugeot en 2012 pour éviter la faillite à cette entreprise privée, comme l’avait fait en 2008-2009 Obama avec General Motors.

Une manne de 60 milliards d'euros

La privatisation progressive du total des entreprises françaises du secteur industriel et commercial dans lesquelles l’Etat détient une participation, telles qu’EDF, Engie, Orange , Renault , Peugeot, Safran, Aéroports de Paris, Thales, Airbus, Eutelsat, Eiffage, Française des Jeux, Semmaris, CNP, etc. représenterait plus de 60 milliards d’euros.

Cette manne serait bien utile, ne serait-ce que pour rétablir le crédit de la France en allégeant la charge de sa dette publique colossale (près de 100% du PIB), et contrebalancer la hausse probable de sa charge future. Et cela se saurait depuis longtemps si l’Etat était un bon gestionnaire, un bon propriétaire et un bon actionnaire, les privatisations annoncées ne peuvent que contribuer à l’amélioration du fonctionnement de l’économie française. Ce faisant, la France va à contre-courant de certaines expériences étrangères malencontreuses. Et c’est tant mieux !

Bertrand Jacquillat
Membre du Cercle des économistes
Professeur émérite à Sciences-Po Paris
Président directeur-général d’Associés en Finance

Valeurs associées

ADP
105,500 EUR Euronext Paris -0,47%
EDF
12,000 EUR Euronext Paris 0,00%
19,8200 EUR Euronext Paris 0,00%
12,8350 EUR Euronext Paris +0,71%
40,090 EUR Euronext Paris +2,74%

6 commentaires

  • 18 septembre 13:56

    Si les privatisations (Elf, autoroutes, CL, EDF....) contribuaient à l’amélioration du fonctionnement de l’économie française, depuis le temps, ça se saurait. Par contre, l'économie de Vinci et autres, Direct Energie, Engie, ou une paire de banques, je ne doute pas de l'amélioration de la taille du beurre dans les épinards quand toute une économie nationale converge sur une paire de privés. Mais il y a juste légère confusion entre "économie française" et galettes privées.


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Le logo de Stellantis sur le bâtiment de l'entreprise à Poissy
    information fournie par Reuters 28.06.2025 10:15 

    Stellantis rappelle 250.651 véhicules de sa filiale Chrysler aux États-Unis en raison d'airbags rideaux latéraux mal scellés, a annoncé samedi la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA). Le rappel concerne certains véhicules Pacifica et Voyager 2022-2025. ... Lire la suite

  • Le récap de la semaine du 23/06 au 27/06
    information fournie par Libertify 28.06.2025 05:00 

    Retrouvez tous les samedis matin en vidéo les informations essentielles de votre semaine boursière : les indicateurs et les valeurs qui ont fait l'actualité. Le tout sélectionné par l'intelligence artificielle.

  • Le siège d'Intel. (Crédit: Robert Noyce / Intel)
    information fournie par Reuters 28.06.2025 02:21 

    ((Traduction automatisée par Reuters à l'aide de l'apprentissage automatique et de l'IA générative, veuillez vous référer à l'avertissement suivant: https://bit.ly/rtrsauto)) par Jeffrey Dastin, Stephen Nellis et Max A. Cherney Safroadu Yeboah-Amankwah , le principal ... Lire la suite

  • Un opérateur à la Bourse de New York, le 23 juin 2025 ( AFP / TIMOTHY A. CLARY )
    information fournie par AFP 27.06.2025 22:50 

    La Bourse de New York a clôturé en hausse vendredi, les indices S&P 500 et Nasdaq franchissant de nouveaux sommets à l'issue d'une séance chahutée par de nouvelles annonces douanières de Washington. Les indices de référence S&P 500 (+0,52%) et Nasdaq (+0,52%)

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.